(ou pourquoi l’« être » nous apporte l’« avoir » et non pas l’inverse ? )
Les miracles se produisent d’abord en nous et ensuite nous les voyons dans le monde qui nous entoure, tu avais entendu ça quelque part.
COMMENT ÇA MARCHE ??
Ce sont là des choses étranges, en effet.
Soudain, tu te sens amoureuse de la vie, du soleil, des arbres, tu traverses joyeusement les rues de ta ville, oubliant le bruit environnant, ne vivant que dans une joie immense. Une joie ineffable, indescriptible, intérieure, qui ne peut être comprise que par celui ou celle qui l’a déjà ressentie.
Cette joie semble tellement simple à éprouver, parce qu’elle n’a pas de raison d’être ni cause ni origine, elle n’existe que parce que tu as réalisé le miracle de l’existence.
Et que soudainement, tu as décidé de vivre pleinement ce miracle.
Et c’est seulement en ce moment-là, quand tu as décidé d’être heureuse, que tu le vois, le mec.
Son sourire, son jean bleu, le geste de sa main rectifiant le pli de sa veste.
Il est là, en face de toi, il attend au feu, immobile, comme s’il avait toujours été à cet endroit, à t’attendre.
Des voitures passent, des camions passent, des passants passent, le mouvement perpétuel du monde qui s’agite autour de toi. autour de lui.
Vous deux, hors du monde.
Toi sur un côté de la route, lui sur l’autre.
Peut-être même qu’il a toujours été là.
ET POURQUOI JE NE VOYAIS PAS ?
J’AVAIS BESOIN DE LUNETTES OU QUOI ?
Avant, tu ne pouvais pas le voir.
Parce qu’on ne voit rien avec des yeux opprimés, comme ceux du cheval malheureux d’une vie entre deux œillères. Tu étais comme lui, la misère te chevauchait.
L’amour, l’absolu, le réel, celui qui est donné pour l’unique et seule but de l’existence, ne faisait pas partie de ton champ de vision.
Alors tu t’étais persuadé, et le monde t’encourageais à le faire, que l’amour, c’était ce faux sentiment, un sentiment menteur, au visage triste, comme celui de l’agonie, ou de la jalousie.
Mais t’a-t-on vraiment persuadé ?
Peut-être as-tu tout fait pour ne pas le voir, cet amour !
Oui, il est possible, voire probable, que tu aies décidé inconsciemment de ne pas la voir.
Parce que toi, contrairement aux pauvres chevaux qui sont esclaves des caprices de leur propriétaire, tu avais des mains, et c’était tout ce qu’il te fallait pour retirer ces objets étranges et gênants qui contrariaient tes yeux.
Et pourtant, tu avais bien de l’amour dans ta vie.
Ou tu pensais en avoir.
Ou en tous cas, tu ne pensais pas ne pas en avoir.
Bref, on s’est compris.
AVOIR, une certitude sournoise
Tu « avais » pas… « avoir »… qu’est-ce que c’est que ce verbe ?
Verbe auxiliaire dit-on, comme s’il nous était d’une grande aide. ce verbe AVOIR. Sauf peut-être pour exprimer notre besoin de possession.
Avec ce son « v » en plein milieu de la figure, pour bien marquer le fossé entre une certaine douceur de la lettre initiale « a » et le verbe « voir », verbe intransigeant, demandant des preuves concrètes, solides.
« À voir », ça laisse une incertitude, un certain suspens, un élément de surprise, d’imprévu. « Avoir », il n’y a plus de doute. J’ai. Tu as. Il a.
Et, ce que tu as, ça te définit. Tu as une Porsche. Tu as une maison de plein pied. Tu as un compte en banque en Suisse.
Et pourtant. Tu n’as jamais eu autant de doutes quand tu avais ce que tu voulais.
Quand ta possessivité se trouvait satisfaite, quand tu n’avais pas à chercher, à te démener pour changer quelque chose.
Et c’est quand tu avais, que se manifestait la nécessité d’avoir plus.
Plus d’amour, plus de sérénité, plus de bonheur.
Tu sais, ce fameux bonheur, celui qui t’échappait toujours, quoi que tu fasses.
ÊTRE, trie et remplis le vide
Mais ce verbe… avec sa dominance rude et rauque de « tr » pile poil au milieu.
Comme si un bon tri devait être fait avant d’être soi-même,….. pleinement.
Avec le « e » qui ouvre et le « e » qui clôt. Comme une boucle qui se boucle, quand tu es.
Le « e » de l’émotion. Le « e » de l’euphorie. Le « e » de l’existence.
Quatre lettres.
A l’image des quatre grandes étapes de ta vie.
Enfance, Adolescence, Age adulte, Vieillesse.
Il n’y a aucun doute dans le verbe être. Il est simple. Efficace.
Tu nais. Tu es. Tu meurs.
Basta.
Et en même temps, tout est possible.
Tout devient possible.
Après ce bon tri nécessaire. Tu sais, ce tri dont on parlait.
À toi de voir ce que tu fais de l’étape du milieu.
Tu nais, tu ES, tu meurs. Tu nais, tu AS, tu meurs.
Être ou avoir.
À toi de choisir.
L’UNIVERS, C’EST UN GÉANT BIENVEILLANT MAIS AVEC UN QI TRÈS BAS
Tu te souviens soudain d’un post que t’avais vu quelque part sur Insta, tu crois…
Tu n’avais pas prêté attention à l’époque mais…
Mais oui, bien sûr! Maintenant, tout prend sens.
L’univers, tu avais lu, est un géant bienveillant, mais un peu « faible » au niveau intellectuel.
Il est là vraiment nous servir, il en a toute les vertus, c’est un brave bonhomme.
Mais il ne comprend pas bien ce que nous lui disons avec des mots.
Il n’a pas un super QI quoi.
Il comprend, en revanche, la vibration que nous émettons.
Il ne comprend pas ce que nous disons mais il comprend ce que nous sommes.
Et puisque le secret de cette existence est, il paraît, que l’on attire par ce que l’on est, c’est finalement simple:
Tu es la guerre, tu attires la guerre.
Tu es la haine, tu attires la haine.
Tu es la paix, tu attires la paix.
Tu es l’Amour, tu attires l’Amour.
MAIS IL EST PASSÉ OÙ LE MEC ??
Tu sors soudain de tes pensées, tu te rends compte que l’amour de ta vie peut se trouver en face de toi. De l’autre côté de la rue.
Mais il est déjà parti.
Bien sûr.
Il a déjà traversé depuis longtemps.
Il devait aussi aller quelque part.
C’est un humain, pas une statue. Et il est venu pour te rappeler que toi non plus, tu n’en es pas une.
Il est venu pour te rappeler que tu ES vivante.
Tu le remercies alors avec un grand sourire, enfin tu remercies le souvenir que tu as encore de lui, et tu continues ton chemin le cœur léger, en aimant tout autour de toi.
« Être est plus indispensable qu’avoir. Le rêve, c’est d’avoir de quoi être »
Frédéric Dard