Femme tenant une pancarte avec un point d'interrogation devant son visage

DOUTER DE SOI,
ou comment renforcer sa confiance en soi en 3 étapes

Bien souvent, une personne qui doute n’ose pas se lancer ni prendre de décisions. Elle n’est pas en confiance et ne sait pas comment sortir de ce piège. Douter de soi est ainsi généralement vu de façon négative, considéré comme un mauvais réflexe. Creusons un peu pour essayer d’en avoir une nouvelle vision et savoir en quoi cela peut en fait nous être bénéfique.

Ne plus douter de soi...
serait-ce vraiment une bonne chose ?

Afin de déterminer en quoi le fait de douter de soi pourrait être avantageux, commençons tout d’abord par nous intéresser à la définition du doute et à son étymologie ainsi qu’à celles de la confiance, jugée généralement comme étant son opposé.

C’est quoi le doute ?

Il s’agit de l’état d’esprit de quelqu’un qui est incertain de la conduite à adopter dans une circonstance.
Le mot « doute » vient du latin, associant dubitare > duo (deux) et habeo (posséder).
Ce qui signifie alors que lorsqu’on doute, on est « possédé » par une dualité.

Le mot « confiance », quant à lui, est défini comme étant le sentiment de sécurité d’une personne qui se fie à elle-même. Il vient du latin, mixant confidentia > Cum (avec) et fidere (se fier, croire), de la même racine que « confier ».
Il est donc ici question de se confier à quelqu’un, ou plutôt à soi-même.

À première vue, les deux mots semblent donc bien s’opposer : le doute représente l’incertitude et a une connotation négative, contrairement à la confiance, qui se rapporte à la sécurité, ce qui semble en effet plus positif.

En gros, ça donne ça : soit je ne suis pas sûr et ne me sens pas en sécurité, ce qui me met dans l’instabilité, le dilemme, l’urgence, et, surtout, l’hésitation. Soit je me sens en confiance et donc je n’ai pas de doute : je suis certain de mes choix, de mes pensées, de mes actions.

Mais cette vision catégorique et plutôt pessimiste du doute, et qui peut nous donner envie de trouver comment arrêter de douter, est-elle vraiment réaliste et, surtout, bénéfique pour nous ?

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Douter de soi, une si mauvaise chose ?

Si on y réfléchit bien, la sécurité que la certitude nous procure peut aussi nous empêcher d’évoluer, de prendre des risques tandis que l’incertitude et l’hésitation, à l’inverse, nous font nous poser des questions, nous incitant à découvrir la nouveauté, changer de route et, ainsi, à sortir de notre zone de confort. Vous ne me croyez pas ? Prenons un contre-exemple concret tiré de la littérature : Hamlet, le personnage-phare de Shakespeare, était dans la certitude absolue que son père avait tué sa mère avec son oncle. Il n’en doutait pas du tout. Résultat ? Cette pensée l’a rendu fou, l’empêchant de passer à l’action, le paralysant même (vous connaissez la fameuse scène de “to be or not to be” ?…) : il s’est retrouvé dans un dilemme constant alors qu’il était censé être dans la certitude absolue.
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Pas vraiment convaincu ?

OK.

Je vais donc faire appel à un ami (vous avez la référence ?) pour vous proposer un autre schéma qui correspond davantage à la réalité des gens…

Comment surmonter le doute ?
- La technique de Socrate -

Comme vous le savez peut-être, j’adore tout ce qui se réfère à la mythologie et, en tant qu’ancienne professeure de lettres classiques, mes amis sont donc souvent très anciens !

Mon podcast « C pas mytho » met d’ailleurs en lien le développement personnel avec la mythologie grecque et le présent article est en fait tiré du dernier épisode…

Aujourd’hui, c’est donc quelqu’un de vraiment spécial, intelligent, dérangeant et, surtout, philosophe, que j’appelle à la rescousse, j’ai nommé : Socrate !

Statue de Socrate assis en train de douter

Il était le premier “vrai” philosophe à se poser des questions sur le comportement humain, il était le maître de Platon, et, surtout, le mec le plus confiant du monde !

Selon une source antique, lorsqu’il était oplite (soldat en Grèce de l’antiquité), l’ennemi ne pouvait même pas le toucher tellement il en imposait dans sa démarche !
Autre exemple : lors d’une affaire dans laquelle il était juge, il a risqué sa vie pour défendre son point de vue, à l’encontre total de celui des autres juges et de l’opinion publique.

Si ça ce n’est pas une confiance extraordinaire, je ne sais pas ce que c’est !
Être sûr de son jugement au point de le défendre jusqu’à la mort !

Venant de la part de celui à l’origine de l’une des citations sur le doute les plus connues :
”La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien”, c’est quand même hallucinant, non ?

Alors, quelle était sa tactique pour passer de la certitude de ne pas savoir à une confiance forçant l’admiration de tous ? (alors qu’il était même célèbre pour sa laideur !!!). 

Selon moi, sa méthode philosophique comportait 3 grandes étapes :

1) Commencer par douter

“LA SEULE CHOSE QUE JE SAIS, C’EST QUE JE NE SAIS RIEN”

Cette fameuse réflexion met bien en évidence que Socrate n’était sûr de rien, ce qui l’incitait en fait à TOUT remettre en question : des objets (“qu’est-ce que c’est une table ?”), jusqu’aux concepts et aux croyances… Pour lui, rien n’était certain !

Ainsi, il ne prenait rien pour acquis, il démontait automatiquement tout ce qui était admis comme vrai aux yeux des autres, les interrogeait sur leur vision des choses : “Qu’appelles-tu ?…”, “Qu’est-ce que c’est ?…”.

On commence ici à apercevoir que, pour lui, le mécanisme du doute était un réel moyen d’accéder à la vérité.

2) Avoir recours à l'Autre

On a vu qu’étymologiquement le doute vient en partie du mot duo et inclut une notion de dualité, pas forcément positive.
Mais il faut savoir que celle-ci était la base philosophique de Socrate, c’est comme cela qu’il accédait à la vérité, et non pas tout seul. ll n’a d’ailleurs jamais prétendu le faire seul car, au contraire, il avait besoin de passer par l’autre.

D’abord, son oeuvre entière est composée de dialogues : il interroge toujours une autre personne (souvent un sophiste)  : “Qu’entends-tu par…? ”.
Il attend une réponse, comme une sorte de un jeu avec une autre personne, pour l’aider à trouver la réponse la plus juste, pour ne plus douter de soi.

Deuxièmement, toute sa philosophie est présentée sous forme de dialogues. Le mot dialogue vient de dio (deux) + logos (raison) = nous avons ici deux raisons qui s’accordent sur un terrain commun et non une seule.

Il s’agit d’un vrai dia-logue et non d’un mono-logue.

Enfin, sa méthode était la “maieutique”, mot dérivant de maïa qui signifie « sage-femme », le métier de sa mère. Et comme elle, elle accouchait les femmes, lui, il accouchait les têtes, la vérité de la bouche des gens.
Il s’agit bien d’un mouvement à deux : l’accoucheur et l’accouché, toujours ce concept de deux.

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Rester seul avec ses doutes est dangereux : il est très difficile de s’en sortir dans ce cas car le doute peut devenir omniprésent et on ne s’en rend pas forcément compte.

Avoir quelqu’un avec qui dialoguer nous aide à établir une vision plus objective des choses et à réduire les drames au quotidien car l’autre nous renvoie aussi de belles choses

3) Créer son propre jugement pour éviter de douter de soi sans arrêt

Clairement, au Vème siècle avant J-C, Athènes n’était pas prête pour accueillir Socrate ! La société fonctionnait avec des Oracles, c’est-à-dire que pour la moindre décision, du repas de midi à la stratégie de guerre, il fallait passer par l’Oracle, qui allait donner la vérité. Socrate ne suivait pas trop le mouvement car, comme le disait G.W. F. Hegel : “Socrate, c’est la naissance de l’oracle intérieur”. Il a pu, avec sa méthode incluant de douter de soi, trouver ce qui était sa propre vérité, sa propre voie, son propre oracle. C’était tellement fort qu’il est mort pour ça : la société d’Athènes l’a condamné et tué pour avoir induit de nouvelles divinités dans la Cité. Son oracle intérieur était tellement fort qu’on le prenait pour une divinité alors qu’il n’y avait pas cette notion chez Socrate, il voulait simplement trouver la vérité. Vous devez vous dire : mais c’est quoi ces fous de Grecs ???!!!!

En fait, si on regarde de plus près, notre société actuelle a en fait ses propres Oracles : amis, famille, réseaux sociaux, Google, le magazine Cosmo…

Si on veut poser une question, par exemple, savoir comment avoir plus confiance en soi ou arrêter de douter de soi, on va chercher sur Google ou demander conseil à un ami, un proche qui apportera alors son propre point de vue personnel, pas forcément identique au nôtre.

Comme par exemple si on dit à sa mère que l’on veut changer de métier et qu’elle répond “Tu ne peux pas laisser un métier de fonctionnaire très sécurisant pour aller te mettre à ton compte, ça ne se fait pas !”… (ça se voit, que je parle d’expérience ? 😉 ) 

Si on écoute ces oracles extérieurs, on ne fait jamais rien, on continue d’hésiter, de se méfier de tout, alors que si on se connecte à notre propre voix et qu’on sait ce qui est important pour nous, cela change tout.

On peut donc voir ici des ressemblances entre les deux sociétés et pour comprendre l’importance de cultiver cet oracle intérieur.

La vraie confiance, c’est d’avoir son propre jugement, de savoir ce qu’on veut, où on va et tout le reste, on s’en fiche (enfin, pas totalement, car on est d’abord passé par cette dualité) mais, au final, nous on est sûrs de nous !

C’est une tâche difficile mais le sentiment d’accomplissement une fois qu’on a réussi est juste incomparable et vaut tout l’or du monde.

3 exercices pratiques pour faire face au doute et rebooster sa confiance en soi

1) Le perroquet sur notre épaule qui conteste tout

Oui, oui, vous avez bien lu !

Pourquoi cet oiseau en particulier ?

Parce qu’il est réputé pour répéter ce qu’on dit.
Dans cet exercice, son rôle est de remettre en question nos faits, gestes et paroles.

“Pourquoi tu as dit ça ?”
“Pourquoi tu as fait ça ?”

Gif animé d'un perroquet bougeant la tête en cercle
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But : passer au crible toutes ses croyances et ses comportements pour initier un changement de point de vue.

Comme une sorte de Socrate sur l’épaule, mais en oiseau 😉 

Version alternative : si la visualisation n’est pas votre truc, vous pouvez aussi vous auto-interroger : « Pourquoi je dis ça ? « , « Pourquoi j’ai fait ça ? » etc..

2) Choisir son duo

Pour renforcer le questionnement initié par nous, il faudrait maintenant trouver son Autre. Attention, à choisir le bon binôme ( pas une personne toxique qui accapare votre temps et votre énergie).

Ce peut être :

  • un ami ;
  • un partenaire ;
  • un business buddy qui est à la même étape que vous ou est déjà passé par là pour vous montrer un autre point de vue ;
    un psy ;
  • un coach…

But : trouver cet Autre qui nous fait le bon miroir. Celui qui saura nous questionner, nous poser des défis, mettre le doigt là où il faut. 
Il faut voir l’autre comme un miroir nous renvoyant à tout ce qui ne va pas et ce qui est à changer.

Gif animé de Mister Bean dansant devant un miroir sans teint
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3) Les 3 valeurs

Déjà, c’est quoi les valeurs ?
Ce sont les critères de vie qui sont très importants pour nous, presque autant que l’oxygène, sans lesquels on ne peut pas vivre une vie heureuse.
Ce peut-être, selon la personne, la liberté, la famille, la santé, la confiance, la joie, la sérénité, l’apprentissage…

Trouvez-en 3, les plus importantes.
Ces valeurs-là seront un guide pour vous, un phare lumineux.
Une fois déterminées, faites-les exister un max dans votre quotidien, en fonction de votre canal privilégié de communication (auditif, visuel…).
Vous pouvez les écrire sur des post-it, les dire à voix haute, les enregistrer dans des notes vocales et les réécouter…
C’est très important pour vous y reconnecter.
Ces valeurs-là sont VOS oracles pour vous aider à passer au-dessus de vos doutes.
Et pour chaque décision à prendre, chaque projet à réaliser, l’idée est de se demander s’il correspond bien à ces valeurs. Comme une sorte de check-list à cocher avant de prendre vos décisions !

Plus on est connecté à ces valeurs profondes, plus on renforce notre oracle intérieur, moins on doute de soi et plus on augmente notre confiance !
On rentre alors dans un cercle vertueux qui recommence éternellement.
Gif animé : adolescent mettant des lunettes de soleil avec un air sûr de lui
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EN RÉSUMÉ

Douter de soi est inhérent à la nature humaine mais peut être aussi une étape primordiale pour retrouver et forger sa confiance en soi !

La méthode de Socrate peut nous y aider :

  1. Interroger et changer, s’il le faut, ses propres croyances ;
  2. Se diriger vers les autres afin de se voir avec objectivité et recul ;
  3. Cultiver son propre jugement à partir de ses valeurs profondes.

Ce n’est pas facile à mettre en œuvre mais leur réalisation peut vous changer la vie !!!

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